
par Jacques Noirot et Jean Founchot
Le Père Bernard Vonderscher est décédé à l’Hôpital de Sélestat le 28 octobre 2017. L’eucharistie d’adieu a été célébrée en la chapelle des Missions Africaines de Saint-Pierre le jeudi 2 novembre 2017 et a été suivie de l’inhumation dans notre cimetière. Le Père Jacque Noirot fit la présentation et donna l’homélie.
Le Père Bernard Vonderscher est né à Raon-L’Étape, dans les Vosges, le 27 juillet 1930 ; il avait un frère et une sœur, Maurice et Annie. Membre des Missions Africaines le 14 février 1958, il est ordonné prêtre à Lyon le 25 juin 1958 par Mgr Collin. Après une année de service en France, il part pour le Togo, où il sera missionnaire de 1959 à 1974. Il exerce surtout comme enseignant et économe dans différents établissements de Lomé et des environs : Petit séminaire de Tokoin (1959–1962), École professionnelle (1962-1964) et Collège St-Joseph (1964-1972). De 1972 à 1974, il est à la paroisse de Lomé-Bè.
Sa santé s’étant altérée, il doit rentrer en France. Durant deux ans, de 1974 à 1976, il travaille de nouveau dans l’enseignement et l’économat au Collège des Missions Africaines de Haguenau. Puis il se met au service du diocèse de Saint-Dié, dans sa région natale des Vosges, où il tient des responsabilités pastorales : 4 ans à Saint-Dié même (1976-1980) et 5 à Cornimont (1981–1985).
Il vient en 1985 aux Missions Africaines de Saint-Pierre. Il y sera économe et supérieur de la maison de retraite jusqu’en 2007 et travaillera en étroite collaboration avec le Père Roger Moritz. Il verra les différentes transformations de la maison jusqu’à ce qu’elle devienne EHPAD. Depuis 2007, il menait une retraite très active à Saint-Pierre en officiant dans les paroisses des environs.
Que retenir de notre frère ? Selon des mots entendus ici et là, il se dégageait de lui une très grande bonté, une grande attention aux autres, beaucoup de dévouement… On le savait fidèle à la messe et aux exercices religieux… D’un tempérament très discret, il parlait toujours d’une voix égale teintée d’un bel accent vosgien. Le Père Bernard était un homme de cœur.
Je ne pense pas être le mieux placé pour parler de lui d’une façon exhaustive, car je l’ai fort peu connu. J’ai néanmoins accepté, ayant glané des informations auprès de ceux qui ont été proches de lui au Togo ou, par la suite, en France, et spécialement à Saint-Pierre. Et je vous dirai que la liturgie proposée par l’Église pour ce 2 novembre m’a bien aidé.
En effet, le Père Bernard nous a quittés le jour de la Fête des Saints Simon et Jude, ces grands missionnaires du Moyen Orient, de la Syrie et de l’Iran actuels. Est-ce un clin d’œil du Maître ? De plus, nous célébrons le passage du Père Bernard au lendemain de la Fête de Tous les Saints, et il va rejoindre les siens et cette foule immense que personne ne saurait dénombrer !
Il y 87 ans environ, le petit Bernard a été baptisé ; il est devenu enfant de Dieu et, qui plus est, héritier du Royaume car le Christ Jésus, par sa mort et sa résurrection, nous a ouvert une brèche dans ce qui aurait pu nous retenir esclaves et pécheurs, coupés de Dieu. Il nous a ouvert une vie nouvelle et nous a rétablis dans notre intégrité originelle.
Et c’est au nom de son baptême que le Père Bernard s’est fait missionnaire. « Allez dans toutes les nations, faites des disciples et baptisez-les… » Il a passé toute sa vie à annoncer cette bonne nouvelle de l’Évangile. Il l’a fait en alliant les œuvres à l’annonce. « Montre-moi ta foi qui n’a pas d’œuvre », disait saint Jacques dans sa Lettre. Durant 15 ans, en Afrique, Bernard a été enseignant et économe. Au développement humain, intellectuel, moral et spirituel des jeunes qui lui étaient confiés, il ajoutait aussi la nourriture nécessaire à leur développement physique, tout en gérant les salaires des maîtres et des professeurs. Je pense en particulier à l’internat de 200 élèves à Lomé. De ces établissements scolaires sont issus des prêtres, des évêques, ainsi que beaucoup de cadres et de grands hommes politiques du Togo. A Haguenau, et ici, à Saint-Pierre, le Père Bernard fut tour à tour économe et supérieur, et parfois les deux ensemble. Il a connu les transformations profondes de la maison de retraite des Missions Africaines, et a dû veiller au bien-être des résidents de l’époque, particulièrement durant les travaux.
Voilà un serviteur de Dieu et des hommes qui nous quitte. J’en suis sûr, le Maître a déjà mis son tablier de service pour accueillir à la table du Ciel, où il communie aujourd’hui, son humble et dévoué serviteur.
Jacques NOIROT
Le témoignage d’un confrère
Bernard Vonderscher était un prêtre simple et dévoué, qui avait la douceur de saint François d’Assise. Il aimait la nature. En hiver, il achetait des graines pour que les petits oiseaux soient bien nourris et, s’il était obligé de partir, il demandait à quelqu’un d’autre de s’en occuper. L’après-midi, il aimait se promener dans le parc des Missions Africaines de Saint-Pierre. Il prenait son temps, admirant la nature, écoutant les oiseaux chanter, n’hésitant pas à s’arrêter lorsqu’il rencontrait quelqu’un pour bavarder avec lui. Avec l’âge, on l’a vu, il y a trois ou quatre ans, prendre deux cannes pour l’aider dans sa marche. Et nous l’avons vu marcher jusqu’à un mois avant sa mort.
Bernard était un homme priant. Assidu à la prière de chaque jour et à la messe, il entonnait les chants de sa douce voix et nous aidait à bien prier. Lors de la messe du dimanche, quand il était de service, tout était bien préparé, les textes comme les chants, et il annonçait avec conviction la Parole de Dieu de son accent vosgien. Sa prédication était simple et claire, toujours enrichissante.
Bernard était aussi un homme de relation ; il connaissait beaucoup de monde. On l’invitait aux fêtes patronales de notre secteur – surtout Stotzheim. Et comme c’était un homme chanceux, il gagnait de nombreux lots, qu’il offrait à ses amis. Il connaissait bien les médecins de la région, ainsi que leurs lieux de travail en ville ou aux hôpitaux d’Obernai, de Sélestat et de Strasbourg. Que de fois il a conduit des malades de la maison chez un spécialiste, prenant le temps d’attendre la fin de la consultation pour les ramener à Saint-Pierre !
Jean FOUNCHOT