
par Jean-Marie Guillaume
Jean Klein est né à Scherwiller (Bas-Rhin) le 29 septembre 1938, deuxième garçon d’une famille de neuf enfants. Son père travaillait comme « tréfileur » à l’usine de fabrication de toiles métalliques Martel Catala de Sélestat. La famille possédait aussi des petits lopins de vigne et très tôt, comme ses frères et sœurs, Jean a appris à respecter la nature et à travailler la terre.
Il a d’abord fréquenté l’école du village. L’église paroissiale lui était familière. Se dévouer pour la cause de Dieu lui était naturel [1]. Plusieurs cousins étaient prêtres et missionnaires, dont le P. Pierre Haas, jeune prêtre spiritain présent à la première messe de Jean, le 12 janvier 1964, devenu plus tard Supérieur général de son institut. La famille Klein était très admirative de la tante, Sr Ernestine, de la congrégation des Srs du Saint-Esprit, et surtout de l’oncle, Georges Ehrard, missionnaire sma au Togo, qui a probablement inspiré la vocation de Jean et de son frère Georges. Trois cousines et deux sœurs de Jean, Cécile et Marie-Odile, ont opté pour la vie religieuse, dans la congrégation des Srs de la Divine Providence de St-Jean-de-Bassel [2]. Une véritable complicité s’installa petit à petit entre les missionnaires de la famille, comme d’ailleurs avec les autres frères et sœurs qui ont toujours beaucoup soutenu leurs proches partis au loin. Plusieurs fois, les trois missionnaires se sont visités dans leurs territoires de mission et se sont retrouvés ensemble au Togo ou au Mali.

Études
Après l’école primaire, Jean fréquenta les établissements d’études secondaires des Missions Africaines, de 1948 à 1956, d’abord à St-Pierre, qui se trouve à une dizaine de kms de Scherwiller, et ensuite à Haguenau. C’était un élève brillant, volontaire et prometteur. Cela lui a valu d’être envoyé à Pont-Rousseau, près de Nantes, pour mieux préparer la deuxième partie du baccalauréat. Le supérieur de l’école apostolique de Pont-Rousseau résume ainsi son passage en son école [3] : « Jean Klein a conquis tout le monde par sa délicatesse et sa conduite exemplaire. Il doit normalement réussir son baccalauréat ». Le style de vie qu’il adopte lui sera permanent : « C’est toujours la même vie qui continue, simple, heureuse, dans un entrain certain », affirme Jean [4]. Il revient vers l’Est de la France pour poursuivre ses études de philosophie scolastique au Zinswald (1956-1957) et s’en va ensuite pour le noviciat à Chanly, dans les Ardennes belges, où il prononce son premier serment d’appartenance à la SMA le 16 juillet 1958.
Il commence ensuite ses études de théologie au grand séminaire des Missions Africaines à Lyon (1958-1959), études interrompues par 28 mois de service militaire (2 juillet 1959-26 octobre 1961). C’était l’époque de la guerre d’Algérie. Il est d’abord à Sarrebourg (2 juillet-23 octobre 1959) et Strasbourg (jusqu’au 3 janvier 1961). Il est alors muté en Algérie où il sert principalement comme secrétaire à l’aumônerie catholique de secteur à Batna, Philippeville et Khenchela. De retour en France, il reprend ses études de théologie au grand séminaire de St-Pierre qui venait d’être ré-ouvert. Durant les grandes vacances, il se dévoue souvent au service des enfants dans des camps ou colonies de vacances où son dynamisme est très apprécié. Il prononce son serment perpétuel le 29 juin 1963 et il est ordonné prêtre à St-Pierre le 5 janvier 1964 par Mgr Strebler.
Première nomination : à Haguenau
Le baccalauréat, obtenu quelques années auparavant, lui vaut d’être envoyé comme professeur à l’école apostolique des Missions Africaines à Haguenau. « Nous savons bien que cette affectation ne répond pas entièrement à vos souhaits, qui vous portent vers l’Afrique, et j’espère pouvoir vous donner plus tard la joie d’une nomination pour les Missions [5]. »
À Haguenau, il réussit très bien auprès des enfants, ce qui pousse encore les autorités des Missions Africaines à lui faire entreprendre des études universitaires. Sa deuxième lettre de nomination est datée du 29 juin 1965 : « J’ai à vous faire savoir que nous avons décidé, mon Conseil et moi-même, de vous faire poursuivre des études à l’Université de Strasbourg… Nous vous remercions du dévouement avec lequel vous avez rempli votre charge au cours de l’année passée et qui vous a acquis l’estime et la confiance des confrères et des élèves. Nous sommes sûrs qu’une formation plus poussée vous permettra de servir encore mieux notre œuvre missionnaire ».
Un accident comme une renaissance
Cette nomination n’aura jamais de suite. Le 13 juillet 1965, le P. Jean Klein est victime d’un accident très grave : il tombe d’une charrette à foin, la tête la première, sur le dallage. Il reste dans le coma plus de trois mois et doit passer par une phase de réadaptation qui va durer plusieurs années. Dix-neuf ans plus tard, lors de la célébration de son vingtième anniversaire de sacerdoce, en février 1994 à Sokodé, Jean raconte lui-même son expérience à partir des deux passages de l’Écriture [6] qui ont été repris pour la liturgie de ses funérailles le 15 décembre 2017.
« Vous me direz, témoigne Jean, ce passage de l’Écriture (l’évangile du jour) est tout à fait dépassé. On ne va plus dans les villages avec simplement un bâton dans la main et des sandales. Quand je visite les villages, je prends ma Toyota bâchée avec ma valise chapelle, le lit de camp et de l’eau filtrée.
Le Christ voulait nous dire, hommes et missionnaires du XXème siècle : ne vous embarrassez pas de l’inutile, de toute une conception de vie européenne. De toute façon, de ces conceptions théoriques, j’en ai été bien débarrassé, après mon accident. Avant de partir en Afrique, des confrères m’ont ôté toute illusion en me disant : tu es fou d’aller en Afrique ; ou bien : qu’est-ce que tu vas faire là-bas ? Ou encore, ce confrère haut placé m’a répété une dizaine de fois : tu ne tiendras pas deux ans en Afrique. Parti pour la première fois le 13 août 1972, cela fait bientôt 22 ans d’Afrique. Cette célébration, en ce vingtième anniversaire de mon ordination, est un remerciement, un cri de joie vers Dieu, qui chaque jour me permet de marcher, de voir, d’entendre. Le docteur, celui qui m’a ouvert trois fois le crâne, a dit lui-même : je ne comprends pas, je ne comprends pas, c’est un miracle.
Je tiens surtout à dire merci à Materne qui m’a accueilli avec beaucoup de délicatesse et de compréhension, ainsi qu’à Georges, mon frère, trop bon pour moi, et tous les confrères ici présents qui m’ont bien accepté. Et nous tous qui avons passé par l’épreuve morale ou physique, nous répétons cette parole du prophète Malachie : Dieu est pareil au feu du fondeur, pareil à la lessive des blanchisseurs. Il s’installera pour fondre et purifier. Il affermira les fils d’Israël comme l’or et l’argent. Ainsi pourront-ils aux yeux du Seigneur, présenter l’offrande en toute justice ». C’est ainsi que Jean interprétait l’accident qui l’a terrassé, comme un feu purificateur.
Trois mois après l’accident, il se réveillait du coma. Il a commencé une longue période de rééducation. C’est là que, de façon intense, s’est manifestée la solidarité familiale des Klein, incarnée dans l’appui discret et constant de la maman et le dévouement du papa Aloyse, qui s’est occupé de Jean comme on s’occupe d’un petit enfant : il a fallu tout réapprendre, à marcher, à lire, à écrire, à compter. Le papa s’est donné à cette rééducation avec beaucoup de tendresse et de patience… Quelques mois plus tard, Jean a rejoint la communauté sma de Haguenau pour une thérapie plus technique. « À Haguenau, au lendemain de ton accident, tu nous as édifié par ton énergie et ta force de volonté… À tout moment, tu nous as impressionnés par ton dynamisme, ton optimisme, ton zèle missionnaire et ton esprit surnaturel. Sois remercié pour ce témoignage [7]. » Finalement, au bout de sept ans, Jean, tout en se sentant fragile, a insisté davantage pour partir en Afrique, ce pourquoi il était devenu missionnaire… Personne ne croyait à cette possibilité, d’où la réflexion de ce confrère haut placé, probablement le provincial : tu ne tiendras pas deux ans. Non seulement il n’a pas tenu deux ans, ni même 22 ans, mais 37 ans ! Quant au médecin qui ne comprenait pas la guérison de Jean et à plusieurs de ses collègues qui l’ont soigné, ils se sont mis discrètement à l’école de leur malade et sont devenus de grands bienfaiteurs de sa mission.
Jean est parti en Afrique, dans une fragilité qu’il a assumée toute sa vie avec beaucoup de joie et de candeur, dans la dépendance de ce Dieu qui l’a aimé et qui l’a purifié, dans l’enthousiasme, dans un dévouement sans borne, avec pour seul bagage indéfectible la touche de la grâce divine, la foi à transporter des montagnes, une foi contagieuse qui va de pair avec la charité et l’espérance. Des montagnes, Jean n’en a pas transporté, elles étaient bien plantées devant lui où il fallait, mais il les a franchies, s’en allant dans les villages les plus reculés des missions auxquelles il a été envoyé, Pagala, Serégbéné, Tchébébé, Affassalokopé. Tout le monde a droit à l’évangile.
Pagala
Pagala a été son premier poste ; c’est là qu’il a appris la mission avec Materne, qui l’a reçu selon les termes de Jean « avec beaucoup de délicatesse ». Lorsqu’il était à Pagala, il voulait aller plus loin, vers l’est, dans l’Adélé, et il a posé les bases de ce qui deviendra une nouvelle paroisse, celle de Yégué. Durant l’année scolaire 1986-1987, sur la demande de son évêque et la proposition du provincial, il fait une année à l’École de la foi à Fribourg, en Suisse : « Cela vaut la peine d’être vécu. Ce n’est pas de tout repos, nous sommes cette année 62 candidats, dispersés en équipe dans tous les coins de la ville. Notre équipe compte six membres : deux Zaïrois, deux Vietnamiens et deux Français ».
Après son année sabbatique, il revient à Pagala : « Ce fut une grande joie pour moi de retrouver mes chers paroissiens après un an et quatre mois d’absence. Vous pouvez le supposer : il a fallu retrousser les manches pour annoncer l’Évangile dans des villages qui n’avaient pas vu de prêtres depuis longtemps. Je ne saurai pas faire assez l’éloge de ces communautés chrétiennes qui ont tenu ferme dans la foi, et qui se rassemblaient tous les dimanches pour célébrer la parole de Dieu [8]. » Jean se retrouve seul à Pagala pour un certain temps, mais il n’a jamais aimé être seul, il a toujours réclamé d’être avec un confrère. Cela lui fut souvent donné. Il a pu faire successivement équipe avec une dizaine de confrères. Mais avec sa volonté d’aller toujours plus loin, il s’est retrouvé parfois seul aux avant-postes.
Djon et Sérégbéné
La deuxième mission qu’il l’a accueilli a été Djon dans l’Akebou, en 1991, une grande mission qui comptait 52 villages dotés d’une communauté chrétienne. Il en visitait une vingtaine par mois. « En arrivant dans cette nouvelle mission, il n’y avait que les murs pour l’église. Elle sera terminée l’année prochaine [9]. » Elle est grande et en forme diagonale, elle mesure 14 m de largeur dans le chœur et 28 m à l’entrée, elle compte 22 m de longueur. « L’année 1992, je construirai une autre église de 24 m de long sur 12 m de large, ainsi qu’une école à six classes et ferai creuser des puits en deux villages. » Les écoles et les puits ont toujours été une priorité dans les paroisses où Jean a passé. Des puits, il en a fait creuser des dizaines. Il fallait de l’eau pour la mission, pour les gens et pour le jardin qu’il ne manquait pas de cultiver autour de la résidence paroissiale. Les missions où il résidait ont toujours été dotées d’une petite bibliothèque qu’il mettait à la disposition des enfants ou des étudiants et qu’il faisait gérer par des séminaristes stagiaires.
À Djon, son désir d’aller encore plus loin le pousse à fonder la mission de Sérégbéné, où il a tout construit. C’est à cette époque qu’il reçut le surnom de Formidable, il est devenu le Père Formidable car il s’extasiait de tout et savait voir ce qui était positif, reprenant ce slogan : « c’est formidable ! » Mais lui surtout était formidable par son énergie, sa foi et son esprit d’entreprise. Un confrère disait que Jean devait avoir deux anges gardiens, un pour la matinée qui, à midi, devait être déjà sous perfusion, fatigué d’avoir tant gardé Jean, et un autre pour l’après-midi. Merci à ces anges gardiens de l’avoir gardé, car Jean ne ménageait pas ses forces, visitant les villages, organisant les constructions, faisant le transport de sable avec sa camionnette Toyota. J’avoue avoir eu moi-même une des grandes peurs de ma vie, lorsque je l’ai visité à Sérégbéné. Il m’avait emmené dans sa camionnette, sur une piste étroite qui communiquait d’une colline à l’autre en passant par un énorme bas-fond. Ce jour-là, j’ai prié très fort mon ange gardien. Beaucoup de personnes qui l’ont visité à Sérégbéné ont eu droit à cette expérience.
C’était l’époque où la SMA commençait à regrouper ses missionnaires. Les quelques confrères qui étaient dans le diocèse d’Atakpamé avaient été appelés à ouvrir de nouveaux postes dans la banlieue est de Lomé. Jean restait seul missionnaire sma dans le diocèse d’Atakpamé. Dans les tractations, il est en correspondance avec le Supérieur provincial auquel il demande avis, suggestions et même propositions pour une nomination. Jean a toujours eu beaucoup de respect et d’admiration pour ses supérieurs, sachant qu’ils remplissent un rôle difficile : « Je te souhaite beaucoup de courage et de paix, pour continuer ton travail énorme. Sois sûr que je prie pour toi… Vous faites certainement le travail le plus difficile et le plus ingrat… Je veux vous remercier de tout mon cœur pour tout ce que vous faites pour nous. Sans vous, on ne pourrait pas vivre, car c’est bien vous qui nous défendez en mission [10]. »
Tchébébé et Affossalakopé
Jean a accepté assez facilement de faire partie d’une nouvelle équipe qui se mettait en place à Tchébébé, au sud du diocèse de Sokodé. La chrétienté qu’il avait fondée à Sérégbéné ne voulait pas le laisser partir. « Nous venons humblement vous demander pardon dans le Christ Jésus… Nous venons d’apprendre avec amertume le départ du Père Jean Klein dans l’année 1999 à venir. Sérégbéné est une nouvelle paroisse et les autres villages ou stations secondaires n’ont pas d’église à part Sérégbéne, Wodanyi, Kamina et trois villages dont les constructions vont débuter. Nous savons bien que le Père est vieux, mais c’est le Seigneur qui lui donne la force. Nous allons vous demander de bien vouloir le laisser mourir à Serégbéné… Les petits et les grands païens pleurent son départ à venir. Alors nous vous supplions de bien vouloir le laisser encore cinq ans pour l’accomplissement généreux et effectif de sa sublime mission [11]. »
« J’aurais aimé rester là-haut sur la montagne près d’un peuple ouvert à l’évangélisation. Mais il s’agit maintenant de travailler à plusieurs prêtres pour donner demain un champ d’apostolat à nos jeunes prêtres sma africains. Depuis le début de ce mois, il y a maintenant avec moi un jeune prêtre togolais du diocèse. Je resterai six mois avec lui pour le familiariser avec les paroissiens des trente villages de la paroisse de Sérégbéné. Il aura beaucoup de travail avec les 830 nouveaux baptisés depuis octobre 1995 et les 60 couples qui se sont mariés à Sérégbéné… Avant de partir en congé, au mois de juin 1999, je construirai encore deux églises de 21 mètres de longueur sur dix mètres de largeur. Une des deux est déjà sortie de terre avec un mur de trois mètres de hauteur [12]. »
Une équipe de trois prêtres, à laquelle s’ajoute un séminariste stagiaire sma, est officiellement mise en place en décembre 1999 à Tchébébé. Les structures d’accueil et l’église venaient d’être construites par le P. Perrin. « C’est un peu dur de changer de paroisse et de milieu, de diocèse, de langue, mais rien n’est impossible pour les bohémiens du bon Dieu… Il s’agit d’une nouvelle expérience d’apostolat avec des confrères d’horizons différents… La mission commence à peine, il faut développer les communautés naissantes dans les villages et en ouvrir de nouvelles, organiser la catéchèse auprès des adultes et surtout dans les écoles qui sont très nombreuses. Il faut aussi accompagner les projets de développement, forages de puits, jardins, petits élevages, champs, amélioration des pistes… dont s’occupe principalement un autre confrère [13]. »
Comme pour les autres missions, Jean veut aller plus loin et lance les bases d’une future paroisse à l’est. « L’évêque nous a donné un grand territoire à évangéliser. Jusqu’à présent Dieu m’a donné la joie d’évangéliser dix-huit villages dans cette région, villages qui, autrefois, n’étaient visités qu’une fois par an. À chaque réunion mensuelle des catéchistes, un nouveau village s’ajoute aux communautés chrétiennes ; huit d’entre eux n’ont jamais vu de prêtres… Nous essayons aussi de développer un peu le pays. Dieu m’a donné la grande joie de donner aux gens de la région six puits. L’eau, c’est la vie… Maintenant qu’un catéchiste et moi sommes bien rôdés avec les pendules et baguettes pour chercher et trouver l’eau, nous allons donner à pas mal de villages de l’eau potable. Dans l’année 2001 nous construirons une grande église (24 m sur 12) Merci de nous avoir permis de nous lancer, en fin 2001, dans l’ouverture de la mission de l’Est Mono [14]. » En juin 2001, le gros œuvre de l’église d’Affossalokopé est terminé et elle peut déjà être utilisée. Le terrain de la mission, donné par un musulman, s’étend sur 22 ha. En 2005, c’est la construction du presbytère, un bâtiment à étages. Jean prévoit aussi deux bâtiments pour une école et un foyer pour les jeunes. La mission est officiellement ouverte le 8 septembre 2005.
L’équipe des prêtres à Tchébébé, mise en place en décembre 1999, avait trouvé son rythme et vivait dans l’harmonie. Mais voici que le P. André Bouhelier, coordinateur de l’équipe, décède rapidement après seulement quelques jours de maladie à Tchébébé, au matin du mardi 29 janvier 2002. C’est une épreuve très dure. Jean, à la veille des funérailles, le 11 février, en la fête de Notre Dame de Lourdes, organise une veillée de prière à laquelle tous les villages de la paroisse ont envoyé des participants. La veillée se transforme en une véritable célébration de vie et de résurrection, Jean y laisse transparaître sa grande foi, aucune lamentation, aucun pleur. Quinze ans après, j’en garde un émouvant souvenir.
La fragilité des dernières années
En 2009, usé, perdant de plus en plus la mémoire, Jean a jugé bon de se retirer. Après quelques mois au Zinswald, il est admis à la maison de retraite des Missions Africaines à St-Pierre, le 30 juin 2010. Il s’est rangé docilement au régime de la maison, essayant de garder ses repères, se laissant guider comme un enfant avec calme et gentillesse, nostalgique de la maison paternelle de son enfance où il avait tant reçu.
C’est dans la maison du Père à tous qu’il a été finalement accueilli. Touché par la grâce au plus profond de lui-même, Jean Klein a répondu à la grâce avec beaucoup d’enthousiasme, de foi, de générosité. La grâce qu’il a reçue a porté son fruit, un beau fruit qui force notre admiration, notre action de grâce et notre émotion.
Jean est décédé le 11 décembre 2017, dans le temps de l’Avent, le temps où déjà se formulent les vœux de Noël et du nouvel an : « Il ne faut jamais manquer l’occasion de souhaiter la paix intérieure, la joie, la sérénité dans les difficultés pour les fêtes de Noël et Nouvel An. Ce sont des moments de grâce où toutes les haines, les amertumes, les déboires cèdent la place à la tranquillité et à la pauvreté de la grotte de Bethléem [15]. »