
par Nestor Nongo Aziagbia
1er dimanche de l’Avent
Textes : Is 2, 1-5 ; Rm 13, 11-14a ; Mt 24, 37-44
Malgré les déboires et les déceptions qui ont marqué la vie du peuple d’Israël, la prophétie d’Isaïe annonce le commencement d’une ère nouvelle et la réalisation des promesses de Dieu en faveur de son peuple. L’exil, les injustices, les guerres et les conflits cesseront. Dieu manifestera sa gloire. Aussi les peuples sont-ils exhortés à se rendre à Jérusalem : « Venez, montons à la montagne du Seigneur, au temple du Dieu de Jacob. Il nous enseignera ses chemins et nous suivrons ses sentiers. Car c’est de Sion que vient la Loi, de Jérusalem la parole du Seigneur [1] ». Dieu a fait en effet de Jérusalem sa demeure et la montagne est devenue le lieu sacré de la maison du Seigneur.
Au vu de l’existence marquée par les souffrances apportées par les conflits, les crises économiques et les maladies, l’homme prend de plus en plus conscience de la précarité dans laquelle il est plongé. Comment concilier alors cet état de fait à son aspiration à la paix, à la justice et à la santé ? Quels liens peut-on faire entre cette volonté de survie et la réalisation des promesses de Dieu ? C’est à juste titre que cette incohérence est perçue comme un vide qui peut difficilement être comblé. La tension vers le bien paraît alors comme une chimère, un idéal qui n’est jamais atteint et aboutit incontestablement à l’insatisfaction et l’aigreur.
Néanmoins, l’ère nouvelle est annoncée comme le commencement d’un renouveau et les bases d’un nouvel ordre social. C’est d’ailleurs le message que proclame le prophète Isaïe : « Le Seigneur sera le juge des nations, l’arbitre de la multitude des peuples. De leurs épées ils forgeront des socs de charrue, et de leurs lances, des faucilles. On ne lèvera plus l’épée nation contre nation, on ne s’entraînera plus pour la guerre [2] ». C’est l’idylle parfaite. Les pessimistes y verraient plutôt une naïve utopie. Quoi qu’il en soit, pour qui croit au Seigneur, l’espérance est forte et l’emporte toujours sur les malheurs présents quelque soit leur ampleur.
L’espérance ne sera pas déçue et notre attente ne sera pas vaine. Toutefois, nous devons être sur nos gardes et rester vigilants. Il convient ainsi d’adopter l’attitude du veilleur et de scruter les signes de la venue du Seigneur à l’horizon. Nous pourrons dès lors faire nôtres les exhortations de saint Paul aux Romains : « La nuit est bientôt finie, le jour est proche… Revêtons-nous pour le combat de la lumière [3] ». Le ton est donné. Cette attente ne se fera pas dans l’oisiveté. Elle nécessite de la part de l’homme des dispositions concrètes de foi qui se manifestent dans une attitude, un comportement, une démarche.... Revêtir les armes de la lumière, c’est s’engager à vivre en témoin de la Vérité et de l’Amour de Dieu en toute circonstance.
Le comportement qu’il nous est demandé de revêtir est celui-là même du Christ. Cette attitude implique notre capacité à traduire dans les réalités de la vie la douceur, la patience et la miséricorde de Dieu à l’égard de tout homme. En vivant de cette manière, nous rendons accessible la promesse de salut de Dieu qui se réalise en nos vies. Efforçons-nous donc de reconnaître les signes de la présence de Dieu en chacun de nos frères et sœurs. Même si la réalisation des promesses de Dieu se fait attendre, anticiper l’avènement du Christ nous porte déjà à vivre dans l’espérance. C’est cela le sens de l’attente de l’Avent, où la clarté de la lumière divine se lève : Dieu guide l’homme dans toutes ses démarches vers le bonheur qu’il lui donne en son Fils Jésus.