
par Nestor Nongo Aziagbia
4ième dimanche du temps ordinaire
Textes : So 2, 3 ; 3, 12-13 ; 1 Co 1, 26-31 ; Mt 5, 1-12a
Les béatitudes selon l’évangile de saint Mathieu rejoignent les préoccupations intimes et profondes de presque tous les humains. En effet, tout homme aspire à la félicité. Mais quelle représentation chacun se fait-il du bonheur ? Un organisme canadien, en l’occurrence l’Indice Relatif de Bonheur (IRB), tente de répondre à cette question. Cet observatoire social se veut une auto-évaluation dans le sens où il prend qualitativement et quantitativement l’état d’esprit des populations et les compare entre elles. Vu que la vision du bonheur est variable et qu’elle s’appuie sur des valeurs, des acquis et des sentiments qui diffèrent d’un individu à l’autre, on ne peut guère déterminer de manière certaine ce qu’il en est. Chacun ne peut que se contenter de l’impression et de la perception qu’il a de son état. Dans ce contexte touffu et non balisé, que peut-on effectivement dire de la question ?
Pour beaucoup, le bonheur rime avec la réussite, la reconnaissance sociale, un compte bancaire bien garni, la garantie d’une sécurité économique, un plus grand sentiment de bien-être et de satisfaction. Somme toute, il est question de ne pas se sentir dans un quelconque besoin. Cette représentation rappelle la notion de la rétribution dans l’Ancien Testament. Dieu comble ses bien-aimés de richesses matérielles et leur accorde longue vie. Job en était le prototype, lui qui fut particulièrement béni et protégé de Dieu. Il ne manquait de rien au milieu de son épouse, ses enfants, ses amis et ses nombreuses richesses.
Mais Jésus nous indique une autre direction et nous entraine sur une autre voie. Il se met d’emblée à contre-courant de l’opinion publique. Il étend la perspective du bonheur aux damnés de la terre : les pauvres, les affligés, les persécutés. Dans le langage de Jésus, les béatitudes sont un idéal de vie qui renvoie aux bénédictions que Dieu a promises à ses enfants. Personne n’en est exclu. Même ceux qui, d’ordinaire, sont considérés comme des malheureux, des exclus et des maudits sont aptes à les recevoir aussi. Dans cette perspective biblique, les souffrances, les maladies, les difficultés, quelles qu’elles soient, confirment l’homme dans son aspiration à la vie. Aussi grands soient les malheurs, ils ne peuvent, en Jésus Christ, triompher du bonheur que Dieu communique aux hommes. Tel est le message essentiel des béatitudes.
Les contrariétés et les adversités de la vie n’ont pas d’incidence sur la fidélité avec laquelle nous vivons l’Evangile. Elle garantit au croyant d’être illuminé par la gloire que Dieu révèle à ceux qui le servent. Rien ni personne ne pourra nous ravir cette joie de demeurer dans la contemplation de l’être aimé. Mieux nous intégrons ce message par la fidélité de notre vie à l’Evangile, plus nous attestons de notre filiation à Dieu et devenons véritablement ses enfants. La Parole de Dieu trouve alors un écho favorable dans notre vie et les souffrances d’aujourd’hui deviennent le gage d’une relation qui nous façonne véritablement à l’image de Dieu.
Vivre des béatitudes, c’est aspirer à la pleine vision de Dieu qui attire les hommes à lui et les fait vivre de sa vie. Les béatitudes expriment surtout l’attitude spirituelle de celui qui se tourne vers Dieu comme vers son seul Sauveur. Elles constituent le chemin spirituel de tous ceux qui veulent remettre leur vie entre les mains de Dieu. Dans cette disponibilité, l’homme ne peut que s’ouvrir au bonheur qui vient du Seigneur.