
par Nestor Nongo Aziagbia
21ème dimanche ordinaire
1 – Lectures [1]
Première lecture
Lecture du livre d’Isaïe (Is 22, 19-23)
Je te confierai les clefs de la maison de David
Parole du Seigneur adressée à Shebna le gouverneur :
« Je vais te chasser de ton poste, t’expulser de ta place. Et, ce jour-là, j’appellerai mon serviteur, Éliakim, fils de Hilkias. Je le revêtirai de ta tunique, je le ceindrai de ton écharpe, je lui remettrai tes pouvoirs : il sera un père pour les habitants de Jérusalem et pour la maison de Juda. Je mettrai sur son épaule la clef de la maison de David : s’il ouvre, personne ne fermera ; s’il ferme, personne n’ouvrira. Je le rendrai stable comme un piquet qu’on enfonce dans un sol ferme ; il sera comme un trône de gloire pour la maison de son père. »
Psaume : Ps 137, 1-2a, 2bc-3, 6a.8
R/ Toi, le Dieu fidèle, poursuis ton œuvre d’amour
De tout mon cœur, Seigneur, je te rends grâce :
tu as entendu les paroles de ma bouche.
Je te chante en présence des anges,
vers ton temple sacré, je me prosterne.
Je rends grâce à ton nom pour ton amour et ta vérité,
car tu élèves, au-dessus de tout, ton nom et ta parole.
Le jour où tu répondis à mon appel,
tu fis grandir en mon âme la force.
Si haut que soit le Seigneur, il voit le plus humble.
Le Seigneur fait tout pour moi.
Seigneur, éternel est ton amour :
n’arrête pas l’œuvre de tes mains.
Deuxième lecture
Lecture de la lettre de saint Paul Apôtre aux Romains (Rm 11, 33-36)
Profondeur insondable du mystère du salut
Quelle profondeur dans la richesse, la sagesse et la science de Dieu ! Ses décisions sont insondables, ses chemins sont impénétrables ! Qui a connu la pensée du Seigneur ? Qui a été son conseiller ? Qui lui a donné en premier, et mériterait de recevoir en retour ? Car tout est de lui, et par lui, et pour lui. À lui la gloire pour l’éternité ! Amen.
Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu (Mt 16, 13-20)
« Je te donnerai les clefs du Royaume des cieux »
Jésus était venu dans la région de Césarée-de-Philippe, et il demandait à ses disciples : « Le Fils de l’homme, qui est-il, d’après ce que disent les hommes ? »
Ils répondirent : « Pour les uns, il est Jean Baptiste ; pour d’autres, Élie ; pour d’autres encore, Jérémie ou l’un des prophètes. »
Jésus leur dit : « Et vous, que dites-vous ? Pour vous, qui suis-je ? »
Prenant la parole, Simon-Pierre déclara : « Tu es le Messie, le Fils du Dieu vivant ! »
Prenant la parole à son tour, Jésus lui déclara : « Heureux es-tu, Simon fils de Yonas : ce n’est pas la chair et le sang qui t’ont révélé cela, mais mon Père qui est aux cieux. Et moi, je te le déclare : Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église ; et la puissance de la Mort ne l’emportera pas sur elle. Je te donnerai les clefs du Royaume des cieux : tout ce que tu auras lié sur la terre sera lié dans les cieux, et tout ce que tu auras délié sur la terre sera délié dans les cieux. »
Alors, il ordonna aux disciples de ne dire à personne qu’il était le Messie.
2 – Homélie
La liturgie insiste en ce 21ème dimanche du temps ordinaire sur la liberté de Dieu dans le choix de ses serviteurs. Il préfère Eliakim au gouverneur Shebna. Il retire à ce dernier la charge de veiller sur le destin de son peuple. Le rejet de Shebna s’explique par la négligence à l’égard de ses administrés et sa suffisance. Il a mis sa confiance dans ses forces armées au lieu de la mettre en Dieu. Il ne fait rien pour tourner le peuple vers le Seigneur. C’est pourquoi Eliakim a été investi de cette lourde responsabilité.
« Et, ce jour-là, j’appellerai mon serviteur, Éliakim, fils de Hilkias. Je le revêtirai de ta tunique, je le ceindrai de ton écharpe, je lui remettrai tes pouvoirs : il sera un père pour les habitants de Jérusalem et pour la maison de Juda. Je mettrai sur son épaule la clef de la maison de David [2]. »
Cette situation est un rappel qui situe l’homme vis-à-vis de Dieu, quelle que soit la responsabilité qui lui a été confiée. Toute responsabilité demeure un service à rendre au nom de Dieu. Il ne sert à rien que l’homme se prenne la tête et se fasse passer pour Dieu. C’est ce que Shebna a appris à ses dépens.
La légitimité du serviteur dépend de sa fidélité et de la relation qu’il entretient avec Dieu. Celle-ci est essentiellement fondée sur la connaissance de Dieu. Il convient d’en préciser la nature. Ce n’est pas un savoir livresque qui transmet une masse d’informations sur ce qui doit être connu. Elle ne se limite pas à la tête, ni à l’intelligence, ni aux facultés cognitives. Elle est davantage caractérisée par le cœur. Elle se vérifie dans la capacité de l’homme à porter un regard empreint d’humanité sur son prochain. C’est d’ailleurs ce que rappelle saint Paul dans l’hymne à l’amour :
« J’aurais beau parler toutes les langues de la terre et du ciel, si je n’ai pas la charité, s’il me manque l’amour, je ne suis qu’un cuivre qui résonne, une cymbale retentissante. J’aurais beau être prophète, avoir toute la science des mystères et toute la connaissance de Dieu, et toute la foi jusqu’à transporter les montagnes, s’il me manque l’amour, je ne suis rien. J’aurais beau distribuer toute ma fortune aux affamés, j’aurais beau me faire brûler vif, s’il me manque l’amour, cela ne me sert à rien [3] . »
La connaissance, dans le dessein de Dieu, comporte nécessairement une dimension pratique. Elle rend l’homme responsable. C’est pourquoi Pierre a été investi de lourdes responsabilités au sein de la communauté chrétienne. Il en a été fait le pilier et le fondement : « Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Eglise [4] ». Il est ainsi invité à grandir dans l’intimité du Seigneur. Cette relation ne peut être fondée que sur l’identité révélée de Jésus plutôt que sur les opinions qui sont largement répandues à son sujet. C’est à cette vérité que Jésus a répondu en manifestant une grande confiance à l’endroit de Pierre.