
par Nestor Nongo Aziagbia
Le Père Nestor Nongo Aziagbia sma, Supérieur du District de Strasbourg, vient d’être nommé évêque de Bossangoa, en Centrafrique.
Dieu écrit droit avec des lignes courbes. Cette pensée attribuée à Bossuet paraît plausible dans le chant de louange à travers lequel le psalmiste a rendu hommage à l’omniscience de Dieu. Pour l’homme, les pensées du Seigneur sont difficiles et leur somme est imposante [1]. Les moyens dont il se sert pour parvenir à ses fins échappent à l’intelligence humaine. En effet, l’homme ne peut pas avoir prise sur Dieu et ses desseins. C’est en ce sens qu’il est dit que les voies du Seigneur sont impénétrables.
Dans la perspective biblique où j’inscris la mission que j’ai reçue du Saint Père Benoît XVI, je rapproche volontiers mon expérience à la vocation de Samuel. Tout jeune et encore ignorant des faits de Dieu, il entend la voix du Seigneur l’appelant par son nom : « Samuel, Samuel ! [2] » A trois reprises, il est sorti de son sommeil donnant l’impression d’un somnambule. Il lui a fallu la sagesse du prophète Elie pour enfin interpréter ce qui lui arrivait.
La révélation se faisait en ce temps-là par rêve. A temps nouveaux, pratiques nouvelles. Dieu s’est adapté aux modes de communication moderne. C’est par un appel téléphonique que le Nonce-Apostolique en France m’a annoncé la décision du Saint Père de me nommer évêque du diocèse de Bossangoa, en République Centrafricaine. J’ai d’abord cru à une grosse blague. Mais ça ne pouvait pas être un poisson d’avril puisque nous étions au mois de mai. Il fallait donc se rendre à l’évidence et prendre au sérieux cette nouvelle qui venait incontestablement bouleverser tous mes projets et déstabiliser les programmes que j’ai conçus avec la Communauté de Paroisses Terre de Missions et le District SMA de Strasbourg. Quel changement et quel remue-ménage !
Néanmoins, il faut se faire une raison et accepter cette nouvelle charge pastorale dont les défis sont certes énormes. C’est avec un esprit d’explorateur et de poète que je m’engage dans cette nouvelle aventure : aller à la découverte d’autres réalités, me laisser surprendre, aiguiser ma curiosité pour toutes les expériences qui se vivent, apprendre à reconnaître les germes de vie, devenir admiratif de la nature et de la beauté, susciter des initiatives et discerner les signes des temps dans ce qui constitue le quotidien du peuple de Dieu.
En dépit des déchirures liées à la séparation due à cette nomination, je reste convaincu que le service d’Eglise qui m’est désormais confié répond au charisme des Missions Africaines pour la construction et l’établissement de l’Eglise locale. Le Fondateur, Mgr Melchior de Marion Brésillac, formulait d’ailleurs dans cette perspective ses convictions pastorales et missionnaires : « Heureux le missionnaire apostolique qui fonde des Eglises et qui, aussitôt qu’il les voit établies, court ailleurs pour en fonder de nouvelles » [3]. La logique est de répandre le plus généreusement et le plus largement possible la Bonne Nouvelle par le témoignage de la foi et le rassemblement du peuple dans le filet de l’amour de Dieu qui aime les hommes du monde entier.
Alors que ma nouvelle mission me ramène en Centrafrique, je souhaite exprimer toute ma gratitude au District de Strasbourg à travers les confrères, les membres honoraires, le personnel administratif de l’Association du Foyer des Missions Africaines et de l’EHPAD de Saint-Pierre, l’équipe pédagogique et les élèves du Collège des Missions Africaines de Haguenau, les amis et les bienfaiteurs de notre entité. Je me réjouis de l’hospitalité que vous m’avez offerte et de la confiance que vous m’avez accordée. En reconnaissance pour tout ce que vous m’avez apporté et tout ce que vous avez été pour moi, je vous assure que ce départ n’est qu’un au-revoir.
Au plaisir de nous revoir autrement dans le champ du Seigneur pour sa plus grande gloire !
Le Père Nestor témoigne…
Témoignage recueilli par le Père André N’Koy.
« Je suis arrivé à Strasbourg, il y a déjà quelques années, pour préparer une thèse de doctorat en théologie. J’ai fait le Master en deux ans. La 3e année, j’ai obtenu de m’inscrire en année de thèse. Entre-temps, le Conseil provincial de Strasbourg m’a nommé supérieur de la communauté de Haguenau et responsable de la chapelle. Après quelques mois, je suis devenu conseiller du district (Strasbourg changeait de statut : la Province est devenue District) et, depuis l’année dernière, je suis supérieur du District de Strasbourg. Je me retrouve donc responsable de trois charges : la paroisse, le District et mes études.
Mes relations avec les confrères du district sont bonnes. Je suis content de l’implication des paroissiens, des laïcs, dans la vie et l’organisation de la paroisse. Je suis très entouré par mes confrères Albert Kouamé (sma ivoirien) qui est sur la communauté des paroisses, Marcel Schneider et même, occasionnellement, par le Père Félix Lutz... Avec tous ces intervenants, la gestion est assez souple et la vie de la communauté est prise en charge dans ses plus petits détails ».
Dans Le Lien de janvier 2012