Le Musée des Cultures de Bâle présente, jusqu’en mai 2010, une exposition sur les textiles d’Afrique de l’Ouest [1]. Cette présentation a pour point de départ l’expédition effectuée entre octobre 1973 et février 1975 par Renée Boser-Sarivaxévanis (1921–2004), à l’époque conservatrice de la section Afrique du musée, et Bernhard Gardi, l’actuel conservateur. Ils avaient alors sillonné durant seize mois les régions entre Lagos et Dakar, afin d’étudier les techniques de tissage traditionnel en Afrique.


Le musée dévoile aujourd’hui l’extraordinaire force esthétique de l’art du tissage africain, un aspect de la culture africaine très rarement montré au public. Sa collection, constituée de manière systématique vers le milieu des années 1970, est exceptionnelle. Elle regroupe en effet plus d’un millier de documents textiles achetés sur des marchés publics. Cela ne serait plus possible de nos jours car les étoffes tissées sont de plus en plus supplantées par les textiles imprimés et l’art du tissage classique est devenu rare.


L’exposition est centrée sur des textiles d’usage courant originaires du Mali, du Nigeria, de la Côte d’Ivoire et du Ghana. Chacune des pièces exposées, qu’elle soit en coton, laine ou soie, qu’il s’agisse de vêtement, nappe ou couverture, est un véritable objet d’art et possède un caractère original. Les techniques de tissage et d’impression sur étoffe d’Afrique de l’Ouest sont nombreuses et leurs résultats en sont d’autant plus disparates. C’est également une tradition très ancienne : un voyageur danois relevait en 1730 l’existence de nombreux ateliers où les hommes tissaient des bandes de coton blanches, bleues ou rouges qui étaient ensuite assemblées. C’est le kita, ou kente, pagne royal fait de bandelettes cousues ensemble, et c’est bien dans les cours royales que vont se développer et s’affiner les différentes techniques, ainsi que la renommée de chaque pays. Les textiles exposés n’ont certes pas été confectionnés en tant qu’objet d’art au sens où nous l’entendons, mais ils séduisent par leur expressivité et leur qualité artistique.


Pour Bernhard Gardi, qui a contribué pour une part déterminante à la constitution de cette collection, cette présentation est en même temps une exposition d’adieu. En effet, conservateur depuis longtemps du département Afrique, il va prochainement prendre sa retraite. L’exposition s’accompagne d’un programme varié comptant visites guidées, conférences, débats, histoires sur les étoffes, ateliers ainsi que des activités spécialement conçues pour les groupes scolaires. Un univers à découvrir absolument !

Photo Markus Gruber / Museum der Kulturen, Basel
Terre d’Afrique, mars 2010
